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L'entretien du mois

Publié le par Coeur du Congo

L'entretien du mois

« Si tous les fils du pays s’entendaient pour boucher les trous de la jarre percée, celle-ci pourraient contenir l’eau dont nous avons tous besoin. »

Après une interruption aux mois de juillet et août, vacances d’été oblige, la Commission Communication de l’Association Cœur du Congo (ACC) reprend la publication de sa rubrique « L’entretien du mois. »

Nous publions à cet effet l’entretien que nous avons eu avec Monsieur Bertin-Blanchard KIMINOU, Secrétaire Général de l’A.C.C.

Monsieur Bertin Blanchard KIMINOU, félicitations pour votre entrée dans le Bureau Exécutif de l’ACC au poste de Secrétaire Général.

Secrétaire Général (SG) : Merci !

Le renouvellement du Bureau Exécutif d’une association étant l’une des occasions qui peuvent permettre de donner une nouvelle impulsion au fonctionnement de celle-ci, quelles sont selon vous les actions à mener où les réorientations à faire ?

SG : Je tiens d’abord à vous remercier de m’avoir accordé cet entretien dans le cadre de la rubrique « L’entretien du mois », l’une des rubriques proposées par la Commission Communication de notre association pour apporter un plus à notre Blog.

Pour répondre à votre question, l’article 13 de nos statuts stipule que « le Secrétaire Général tient les documents administratifs de l’association. Il rédige les comptes rendus et procès-verbaux des réunions et assemblées, tient le fichier de l’association et remplace le Président en cas d’absence.» Ainsi, le SG a plutôt le rôle de gestionnaire administratif de l’association. N’empêche que, bien qu’étant SG, je suis d’abord membre de l’association et à ce titre je peux faire des propositions qui peuvent émerger et être soumises à l’assemblée. Par ailleurs, le Bureau Exécutif n’est qu’un organe qui met en place le fonctionnement et la dynamique au sein du groupe pour lui apporter une cohésion. Les grandes lignes de nos activités sont définies en Assemblée Générale, en tenant compte de notre projet associatif et du renouvellement des idées. Si mes souvenirs sont exacts, au mois de juin vous vous êtes entretenus avec le Président qui, à cette occasion, vous a parlé du devenir et du développement des activités de l’ACC.

Cela étant, la première des urgences est d’œuvrer pour la cohésion au sein de notre association. L’objectif étant de susciter l’implication de l’ensemble des membres à notre projet associatif, de permettre à notre structure de développer ses activités et de mieux s’ancrer dans la ville de Strasbourg où elle est inscrite.

Samedi 24 août l’A.C.C. a eu sa sortie d’été, celle qui clôture ses activités estivales. Quel bilan dressez-vous de l’ensemble des activités réalisées au cours de cet été 2013 ?

SG : Effectivement, différentes activités ont été définies au début de cette nouvelle mandature. Le point de lancement de celles-ci a été le barbecue qui a eu lieu le 6 juillet 2013. Ce premier barbecue a été dans la foulée suivi d’un autre, suite à la demande de des membres présent sur Strasbourg. Le samedi 24 août, il y a eu la sortie au parc d’attraction Didi ’land qui a clôturée nos activités estivales.

On peut déjà noter que, mis à part les activités traditionnelles qui reviennent chaque été c’est-à-dire le barbecue de début juillet et la sortie de fin août, le Bureau Exécutif qui est à l’écoute des membres n’a pas hésité à organiser un second barbecue suite à la demande de ceux-ci.

De mon point de vue, l’ensemble des membres qui ont participé à ces activités ont été satisfaits, ainsi que leurs familles. Nonobstant toute activité doit faire l’objet d’un bilan. Les bilans des barbecues ayant déjà été faits, nous ferons ensemble celui de la sortie de Didi ‘land pour voir ce que nous devons faire pour améliorer ce qui peut l’être.Nous ne devons pas aussi oublier de faire le bilan de l’accompagnement à la scolarité dont la clôture a eu lieu le 30 juin 2013. Cette activité, qui est notre activité phare, se déroule tout au long de l’année scolaire et nous permet de donner une méthodologie à nos enfants. Cela afin de leurs permettre, au moins, d’être à même de suivre une scolarité normale, tout en leur laissant la possibilité d’être acteur de leur devenir.

L'entretien du mois

Après avoir dressé le bilan de ce qui a été fait, c’est aussi l’occasion de se projeter. Quelles sont les priorités pour cette rentrée 2013 ?

SG : Comme vous le savez nous sommes une équipe, En tant que Secrétaire Général, je ne peux prétendre vous dire à titre personnel quelles seront les priorités de cette rentrée. Le Bureau étant collégial, il me semble judicieux que ce soit à celui-ci de le faire lors d’une réunion.

De mon point de vue, la première chose à faire est le bilan de l’accompagnement à la scolarité, communément appelé soutien scolaire. Le terme qui me semble approprié est l’accompagnement à la scolarité car, nous ne faisons qu'accompagner les parents dans la scolarité de leurs enfants, alors que soutien scolaire sous entend que nous nous substituons aux parents. L’idéal est que le Bureau et l’équipe des encadreurs se retrouvent le plus rapidement possible pour faire un bilan de la saison écoulée, et d’une manière concertée faire des propositions pour la rentrée prochaine. Parce que les encadreurs sont les principaux acteurs de cette activité et ils sont donc les mieux placés pour connaître les difficultés auxquelles ils sont confrontés. C'est à partir de ce bilan que nous pourrons dire que : pour un bon fonctionnement et une meilleure efficacité, il nous faut tel type de moyen et telle organisation. L’idée centrale est de pérenniser cette activité qui occupe une place de choix dans notre projet associatif, et qui à mon avis peut créer un lien fédérateur entre les membres. Il me semble aussi important de souligner que la devise de Cœur du Congo est « entraide, éducation et culture. » Par conséquent, mis à part le renforcement de l’entraide qui doit être nécessaire, on doit aussi se focaliser sur ce point angulaire qu’est l’éducation. Dans le vocable éducation j’entends éducation pour nous et pour nos enfants et cela peut se faire que sous l’égide de l’accompagnement à la scolarité.

Il est vrai que, dans Cœur du Congo, le soutien scolaire est considéré comme une activité phare ou centrale. Cependant dans les faits, la fréquentation des enfants des membres susceptibles de participer à cette activité a significativement baissée. Cela ne témoigne t-il pas d’un manque d’intérêt pour cette activité ?

SG : Effectivement, on se pose beaucoup de questions. Les membres ont-ils compris l’intérêt de l’accompagnement à la scolarité ? Sont-ils pas disponibles pour amener les enfants au lieu où se tient cette activité ? Supposent-ils que c’est un lieu juste pour garder les enfants ?…

Le Bureau a, à plusieurs reprises, interpellé les membres face à cette situation pour essayer de comprendre le comment et le pourquoi de cette situation. Mais cela n’a rien changé depuis. Le Bureau ne peut pas obliger les parents à ramener leurs enfants à cette activité. Ce n’est d’ailleurs pas le but. Considérant que l’encadrement scolaire des enfants est un souci permanent pour les parents ayant des enfants scolarisés, l’idée de mettre en place cet outil pour soutenir les parents dans cette entreprise a été souhaité et voulu par tout le monde. Le but est que les parents se décident librement de mettre leurs enfants à la disposition de cette structure associative, afin qu’ils puissent profiter des connaissances des encadreurs. Sachant que les structures d’accompagnement à la scolarité qui existent à Strasbourg ne sont pas à la portée de tous et connaissant aussi que dans cette société française il est facile pour un enfant sans soutien et encadrement, de tomber dans la délinquance que l'on voit dans nos cités. Alors, cette activité nous permet par ailleurs d’occuper utilement nos enfants. L’action du Bureau se limite à encourager les parents à amener leurs enfants et à les inscrire durablement dans cette activité d'accompagnement à la scolarité voulue par tous. Mais le Bureau ne peut pas se substituer aux parents.

L’une des propositions est d’ouvrir cette activité à l’ensemble des enfants de la communauté congolaise. Peut-être qu’il y aura au sein de celle-ci des personnes dont les enfants ont des difficultés à l’école et qui comprendront l’importance de la chose.

SG : Effectivement, l’une des pistes est d’amorcer une ouverture vers d’autres familles de la place de Strasbourg, qu’elles soient d’origine congolaise ou pas. Mais se posera alors le problème du coup : financier, humain et logistique. Jusqu’à présent l’association focalisait l’ensemble de ses activités au centre socioculturel de Cronenbourg. Elle y avait la possibilité de réserver une salle sur une longue période. Ce qui lui permettait de définir un planning pour ses activités. Or, les modalités de réservation des salles au niveau du centre socioculturel ont été modifiées et, il n’est plus possible de faire des réservations sur une longue période. Cette modification nous posera des problèmes au niveau de l’organisation des activités.

Pourquoi une ouverture en direction des familles non congolaises ? Parce que nous sommes confrontés à un problème de développement. Se développer veut dire que l’association ne peut pas continuer à limiter ses activités que dans le milieu congolais. Actuellement, les grandes associations qui sont dans une dynamique de pérennisation s’ouvrent à d’autres structures telles que les centres socioculturels qui ont aussi un projet culturel. Cela permet une ouverture, donc une visibilité. Ce qui permet à ces partenaires de savoir qui êtes-vous ? Que faites-vous ? Quel message véhiculez-vous ? Pourquoi la ville ou le quartier peut-il vous aider à avoir une subvention ? La subvention peut nous permettre de financer l’achat des manuels scolaires, des ordinateurs… Ces acquisitions nous permettront d’offrir aux enfants, dans le cadre de l’accompagnement à la scolarité, les mêmes outils qu’ils utilisent à l’école.

Si nous ne faisons pas le choix de l’ouverture, nous ne resterons qu’une structure associative regroupant des congolais ; nous demeurerons dans l’anti chambre de la ville. A mon avis, tout est à repenser en termes de visibilité. Le projet associatif doit être repensé.

Donc nous avons manqué de vision, puisque nous venons de réviser nos textes il y a environ trois mois. C’était l’occasion de revoir notre projet associatif.

SG : Non la révision des textes a porté sur les statuts et le règlement intérieur. Mais on est quand même dans une dynamique. Un projet associatif n’est pas sensé rester plus de deux ans sans être dépoussiéré. L’Association évolue, les mentalités évoluent, la demande évolue, forcément il faut qu’il y ait une adaptation du projet Associatif. L’objectif qui est l’entraide, la formation et la culture peut rester, mais après il faut y arrimer autres choses.

Le projet associatif doit être accepté par l’ensemble des membres. Quand une personne adhère à l’association, elle adhère aussi au projet de celle-ci. L’idéal serait que le projet associatif émane de l’ensemble des membres, d’où la proposition de mettre en place des commissions. L’idée est que les commissions soient des organes de réflexion à travers lesquels l’ensemble des membres pourront faire des propositions au Bureau, qui, à son tour se chargera de les mettre en musique. Nous nous sommes dits : bien que le Bureau soit l’organe central qui prend les décisions et assure le fonctionnement de l’association, impliquons davantage les membres, tant au niveau de l’apport des idées, que dans la participation aux activités, à la bonne marche de l'association. A l’image de ce qu’avait dit le professeur Joseph KI-ZERBO in mémoires et dialogue (Roi GHEZO) « Si tous les fils du pays s’entendaient pour boucher les trous de la jarre percée, celle-ci pourraient contenir l’eau dont nous avons tous besoin. » Que chaque membre soit un acteur, une force de proposition et puisse se retrouver dans les activités qui sont proposées. Nous sortirons ainsi du système d’information vertical, dans lequel le Bureau réfléchit et propose, pendant que les autres se contentent que de donner leur cote part en terme de cotisations statutaires et ne sont que des consommateurs des activités de l’association. L’Association ne doit pas se résumer au Bureau, le Bureau n’est que l'instance de direction de l'association qui assure son fonctionnement.

L'entretien du mois

Puisque vous parlez des commissions, deux mois après leur mise en place, le Bureau a-t-il déjà des retours de la part de celles-ci ?

SG : Pour l’instant il y a deux commissions qui ont démarré leurs travaux : la commission communication et la commission finance. La commission communication, je ne sais pas si vous l’avez remarqué, est un peu transversale. En ce sens qu’elle est chargée de mettre en place des outils d’information externe et interne (c’est-à-dire entre les membres, donc entre les commissions). Aujourd’hui ces deux commissions ont fait des propositions au Bureau. Le bureau rencontrera leurs référents pour en discuter. A l’issu de ces discussions, les propositions les plus pertinentes seront retenues, et puis le Bureau les soumettra aux membres pour adoption et mise en pratique.

La modification des modalités de mise à disposition de la salle des associations, au niveau du centre socioculturel de Cronenbourg, ne remet-elle pas à l’actualité le problème de l’acquisition d’un local associatif ?

SG : A mon avis cette situation doit interpeller l’ensemble des membres de l’association. Forcément le Bureau a pris le problème à bras le corps. Nos ambitions sont que l’association soit autonome, indépendante et puisse disposer d’un local. Les difficultés que nous éprouvons pour acquérir un local au niveau de la ville nous imposent à faire des choix. L’un des choix est, cela n’engage que moi le Secrétaire Général, d’augmenter les cotisations afin d’être en mesure de faire face au coût de location d’un local. Cela nous permettra d’être indépendant et de pouvoir organiser la plupart de nos activités sur un site. Ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui. Ce problème du local pose aussi celui de l’autonomie d’une association qui se veut respecter et respectable, fiable et visible au niveau de la ville de Strasbourg.

La question à laquelle nous devons répondre est : voulons nous acquérir un local associatif ? Répondre à cette question implique une réflexion sur des bousculements qui peuvent se produire au niveau financier. Cela implique aussi une mobilisation de chacun de nous. Pourquoi ne pas faire profiter l’association de nos relations personnelles, par exemple ? L’une des commissions qui a été mise en place est la commission prospective et projet dont Jean de Dieu est le référent et j’en fais partie. L’une des missions de cette commission est de réfléchir sur les différentes pistes qui peuvent nous permettre d’obtenir un local. L’acquisition d’un local nous permettra d’avoir les pieds sur terre et donc de mener à bien nos projets. Par contre sans local associatif nous devrons tout le temps modifier notre fonctionnement en fonction des salles.

La piste qui consistait à récupérer un local qui devait être libéré par une autre association de la place, est-elle toujours d’actualité ?

SG : Les pistes sont toujours d’actualité, la problématique centrale reste sommes-nous en mesure de supporter le coût d’une salle ? C’est ça le problème. On ne peut pas se permettre d’embarquer notre association dans cette direction sans avoir toutes les garanties ; car le jour où on se trouvera dans le mur il va falloir faire face à la justice. Donc à mon avis le problème est organisationnel. Sommes-nous capable d’avoir une autonomie organisationnelle, à l’exemple de l’association Bana Congo qui a une salle dédiée, et faire face à nos dépenses ? L’une des clés sera aussi de répondre à la question : qui veut rester dans cette association ? Qui veut être membre pas seulement avec des droits, mais aussi avec des devoirs ? Car, on ne peut pas être membre de Cœur du Congo et n’avoir que des droits et pas de devoirs. Donc c’est tout un chantier qui est devant nous.

Monsieur le Secrétaire Général merci de nous avoir accordé cet entretien.

SG : Tout le plaisir a été pour moi. Je crois que nous faisons vraiment ce qu’une commission communication peut réaliser. Notamment en donnant l’occasion à un membre du Bureau ou pas de se prononcer personnellement sur le fonctionnement de notre association.

Entretien réalisé le 27 août 2013 au domicile de Bertin Blanchard KIMINOU.

L'entretien du mois

MAFOUANA Rodrigue Roland

Commission Communication

Cœur du Congo

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